Dans quelques jours, nous partirons de bon matin, comme le chantait Montand, pour le 35e Tour de l’Île. Lorsqu’on regarde ce qu’était le vélo à Montréal et au Québec lors de la première édition, en 1985, il faut reconnaître que beaucoup de chemin a été parcouru. Tout d’abord, l’usage du vélo a explosé! C’est vrai dans les quartiers centraux de Montréal, mais c’est aussi vrai dans plusieurs autres villes. Il y a quelques jours était d’ailleurs publiée l’enquête origine-destination de l’agglomération de Québec. Elle confirme une impressionnante progression du vélo dans la capitale nationale.
Mais il y a plus. Le Tour de l’Île de Montréal a été une véritable machine de marketing social, qui s’est mise à tourner pour ne plus s’arrêter. Une invitation à « sortir les béciks du garage », une invitation à ce que se créent d’autres événements, partout au Québec. Maintenant, il ne se passe plus une fin de semaine du printemps et de l’été sans qu’un événement vélo se déroule quelque part. Avec plusieurs années fastes, à coup de 45 000 participants, on ne peut nier l’impulsion donnée par le Tour de l’Île à la pratique du vélo au Québec. Trente-cinq tours de roue plus tard, l’esprit est toujours le même : une occasion de remonter sur son vélo, de célébrer cette merveilleuse invention, de dire et redire gentiment à nos élus que nos villes devraient être pensées pour les gens et non pour l’auto.
S’il est vrai qu’au cours de ces trente-cinq années le Québec a su se démarquer avec des investissements dans des aménagements cyclables protégés, contrairement à beaucoup d’autres régions d’Amérique, il reste qu’aujourd’hui la cadence à laquelle se déploie le réseau cyclable ne répond plus à la demande. Et je crois qu’avec l’arrivée prochaine en masse des vélos à assistance électrique, trottinettes et autres appareils du genre, il est plus que temps de repenser le partage des rues pour faire plus de place aux modes de déplacements doux et lents qui pourraient très bien concurrencer l’auto solo.
Lorsque je regarde des projets titanesques d’infrastructures routières comme le nouveau pont Champlain ou le démantèlement de l’autoroute Bonaventure, réalisés à coup de milliards de dollars dans des délais incroyablement courts, je suis toujours étonnée de voir comment on investit trop peu dans le vélo et comment les projets cyclables prennent beaucoup de temps à voir le jour. Oui, beaucoup de chemin a été parcouru, mais ce n’est vraiment pas le temps de chômer! Les défis sont énormes alors que le nombre de déplacements à vélo ne cesse de croître.
Suzanne Lareau
Présidente-directrice générale