Depuis 1995, Vélo Québec réalise tous les 5 ans une grande étude – L’état du vélo au Québec – une publication-phare de l’organisation. À l’époque, le tandem Labrecque-Pronovost avait lancé ce chantier dans la foulée de la première Politique vélo du gouvernement du Québec. L’objectif était de dresser un portrait de la pratique du vélo et d’établir un référentiel pour mesurer le progrès de cette politique. Vingt-cinq ans plus tard, L’état du vélo au Québec est encore une référence incontournable pour les décideurs, les chercheurs et les militants.
Sans surprise, le portrait de l’année 2020 est atypique. En raison du télétravail et du confinement, le nombre de déplacements – tous modes confondus – a subi une baisse. Parallèlement, la dernière année a aussi été marquée par une hausse importante de nouveaux adeptes intéressés par l’appel de la nature et le besoin de bouger. Tout compte fait, le vélo a gagné du terrain et le nombre de cyclistes au Québec est en hausse. Aujourd’hui, 4,5 millions de Québécois font du vélo, dont 2,7 millions toutes les semaines. Dans ce rapport, voici les éléments qui ont particulièrement attiré mon attention :
- Depuis 1995, le taux de cyclistes de plus de 55 ans a presque doublé passant de 23 % à 42 %, ce qui est une excellente nouvelle. Peu importe l’âge, il est intéressant de constater que le vélo joue un rôle essentiel pour maintenir un mode de vie sain et actif et qu’ils sont de plus en plus nombreux à l’adopter dans leurs activités. Considérant l’essor du vélo à assistance électrique, l’avenir est prometteur puisqu’il permettra de prolonger la carrière cycliste de gens de tous âges.
- De plus en plus de gens choisissent de faire du vélo loin de l’asphalte. On dénombre 1,1 million de cyclistes qui empruntent les routes de gravelle, les chemins forestiers ou les sentiers aménagés spécifiquement pour le vélo de montagne. D’ailleurs, l’étude indique qu’ils sont quelque 660 000 Québécois à choisir le vélo de montagne dans leurs loisirs, le Québec comptant environ 2600 km de sentiers, dont 575 km uniquement dans la région de la Capitale-Nationale. La croissance de cette pratique et les derniers chiffres nous confirment que le vélo de montagne a aussi le vent dans les voiles et qu’il faudra davantage soutenir son expansion dans les prochaines années.
- On n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Aujourd’hui, 61 % des déplacements à vélo se font sur le réseau cyclable. Le Québec compte environ 10 600 km de voies cyclables. Ce réseau contribue certainement à rendre la pratique du vélo sécuritaire. Les collisions sont en baisse constante depuis 2015 avec une diminution globale de 34 %. L’appétit pour les voies cyclables est grand. Sept personnes sur dix aimeraient voir le réseau être étendu dans leur municipalité. Il est à noter que 62% des Québécois vivent dans une ville dotée d’un plan de mobilité durable, incluant un volet vélo. En prévision des prochaines élections municipales, plusieurs chiffres mériteraient d’être considérés dans l’élaboration des plateformes des candidats.
Plus que jamais, la collecte de données fiables est essentielle pour construire des politiques publiques favorisant une meilleure qualité de vie pour tous. Le recensement canadien ou les enquêtes régionales origine-destination sont malheureusement peu adaptés pour bien mesurer les modes de déplacement actifs comme le vélo et la marche. La publication de l’état du vélo au Québec à chaque 5 ans est un coup de pédale dans la bonne direction pour démontrer aux autorités publiques l’importance de la croissance de l’usage du vélo et du bien-fondé de planifier des aménagements pour encourager sa pratique, et ce, pour la santé de nos sociétés.
Jean-François Rheault
président-directeur général