En novembre dernier, dans cette page, j’ai communiqué au ministre des Transports du Québec notre souhait que soit préservée la Politique de mobilité durable (PMD) adoptée par le précédent gouvernement. Souhait aussi partagé par plusieurs autres organisations ayant participé à la confection de cette politique. Comme je l’avais souligné, cette politique n’est peut-être pas parfaite, mais elle a le mérite d’amener le Québec dans la bonne direction.
Le 25 janvier dernier, le ministre des Transports, M. François Bonnardel, s’est engagé à mettre en œuvre la Politique de mobilité durable (PMD). Il a donc choisi la voie non partisane pour attaquer un défi de société majeur dans un contexte où 40 % des émissions de gaz à effet de serre sont générés par le secteur des transports. Voilà une excellente nouvelle.
L’enjeu de cette politique, on le devine, est financier. Certaines mesures sont déjà prévues dans le budget du gouvernement, mais l’ampleur de la tâche nécessitera des investissements supplémentaires.
Actuellement, la PMD prévoit pour le vélo 25 M$ en moyenne par année pour les cinq prochaines années. Cela inclut notamment des investissements en partenariat avec les municipalités (infrastructures et vélos en libre-service) et des investissements sur la Route verte (entretien et développement). Il s’agit d’un progrès comparativement à ce qui a été investi ces dernières années (moins de 10 M$ annuellement), mais nous sommes encore loin de ce qui pourrait faire changer le visage de nos villes en faveur du vélo.
Une façon d’évaluer ce que représente ce type d’investissement est de comparer avec l’effort municipal. En 2019, les cinq plus importantes villes du Québec investiront 31 M$ dans les aménagements cyclables. Ainsi nous croyons que Québec devrait en faire davantage. Dans le scénario actuel, les sommes consacrées au vélo représentent à peine plus de 1% des quelque 9,7 milliards prévus à la PMD pour la période 2018-2023. Dans la plateforme Vision vélo 2025, nous avançons l’idée de consacrer 100 M$ pour quelques années du moins, une somme qui pourrait être partagée entre le gouvernement du Québec et le Fonds des infrastructures du Canada (FITC). Si l’on souhaite connecter les quartiers de nos villes entre eux, contrer l’effet des barrières physiques et géographiques, créer des aménagements qui protègent les cyclistes de l’accroissement du parc automobile, il faudra effectivement y mettre les moyens.
Lors de son annonce du mois dernier, le ministre des Transports a lancé un chantier d’un an sur le financement de la PMD, question de générer des investissements supplémentaires à ce qui est déjà prévu. Différents scénarios sont possibles et il est à souhaiter que le Fonds vert soit davantage mis à contribution. Même chose pour le Fonds des infrastructures en transport du Canada (FITC) où le Québec ne va pas chercher tout son dû en matière de transport en commun et de transport actif.
Prendre le virage de la mobilité durable est un véritable projet de société et une des façons les plus concrètes de contribuer à une réelle baisse d’émission des gaz à effet de serre. Faisant référence au processus de confection du budget du Québec, le président de l’Union des municipalités du Québec, Alexandre Cusson, disait que les municipalités étaient prêtes à passer à l’action. Reste maintenant au gouvernement du Québec à jouer son rôle de leader et à donner un signal fort en la matière!
Suzanne Lareau
Présidente-directrice générale