Le drame survenu le 14 juillet dernier à Montréal, à l’intersection de la rue Bélanger et de la 6e avenue, et qui a coûté la vie à Meryem Anoun, une mère de famille de 41 ans, soulève une fois de plus la question de la cohabitation entre vélos et poids lourds dans nos rues, sur nos routes. Les camions et les autobus sont impliqués dans à peine 4 % des collisions avec des cyclistes, mais 31 % des décès à vélo résultent d’une collision avec un camion! Et selon la Santé publique de Montréal, les collisions avec camion provoquent des blessures graves ou la mort de la personne à vélo dans 15 % des cas, contre 5 % lorsqu’elles ont lieu avec des véhicules légers. On sait que ces camions comportent de nombreux angles morts et qu’ils sont encore trop rarement équipés de protections latérales ou de miroirs paraboliques. Dans nos milieux urbains densément habités, cela pose un réel problème.
L’hiver dernier, Vélo Québec faisait valoir son point de vue lors des consultations publiques de la Commission sur les transports de la Ville de Montréal sur la cohabitation entre les usagers vulnérables et les véhicules lourds. Nous avons parlé bien sûr de l’importance des aménagements qui permettent de circuler de façon sécuritaire à vélo. Nous avons aussi parlé de ces équipements dont devraient être munis les camions qui s’aventurent dans nos quartiers où nous marchons, pédalons et où nos enfants jouent. Une série de 30 recommandations découle de cette consultation, et le comité exécutif de la Ville de Montréal a 6 mois pour les mettre en œuvre, dans le cadre de sa Vision Zéro accidents. Il y a toutefois fort à parier que ces changements ne se feront pas du jour au lendemain. Il faudra aussi des campagnes, un dialogue avec ces organisations, syndicats ou autres, qui sont proches des conducteurs de poids lourds qui s’invitent quotidiennement dans nos villes.
Aussi, il serait peut-être temps que l’on migre peu à peu vers des camions au design mieux adapté à la circulation urbaine, comme on en trouve dans toutes les villes d’Europe. Cela est vrai pour les véhicules de livraison et tous les véhicules d’urgence.
En attendant les changements systémiques qui permettront aux plus gros de mieux veiller à la sécurité des plus vulnérables, nous sommes malheureusement contraints de répéter ces quelques conseils d’autodéfense : à vélo, ne vous placez jamais sur le côté d’un camion ou d’un autobus. Si vous n’avez pas la possibilité d’établir un contact visuel avec le conducteur, restez plutôt derrière le véhicule en maintenant une certaine distance au cas où celui-ci reculerait. Gardez en tête que le conducteur du poids lourd ne vous voit pas et que vous devez penser pour deux.
Suzanne Lareau
Présidente-directrice générale