Les élections municipales 2001 à Montréal
Avec le projet «Une île, une ville», Montréal arrive à un carrefour de son histoire. La nouvelle administration municipale a plus d’un défi à relever, en particulier en matière de transport. L’équipe de M. Gérald Tremblay arrive en poste et doit maintenant concrétiser ses engagements. M. Tremblay, lors d’une entrevue au magazine Vélo Mag, a affiché des sympathies évidentes pour l’idée d’une plus grande utilisation du vélo dans la ville. Afin que cette sympathie se transforme en un engagement indéfectible de M. Tremblay et de son équipe, Vélo Québec soumet à la réflexion les propositions suivantes.
Pour en finir avec le vélo stationnaire
Le vélo est extrêmement populaire à Montréal. Près de 9 résidents sur 10 ont enfourché une bicyclette dans leur vie. Plus d’un demi-million de Montréalais en font au moins une fois par semaine.
L’histoire d’amour de notre population avec la bicyclette et ce qu’elle symbolise sur le plan de la qualité de vie dépasse maintenant les frontières. D’ailleurs les villes intéressantes, dont Montréal fait partie, ont très souvent en commun d’être tentantes à marcher ou à pédaler. Montréal est équipée en pistes cyclables plus que beaucoup d’autres endroits dans le monde. Cependant des villes comme Londres ou Paris, qu’on croyait irrémédiablement hostiles à toute vie cycliste, ont décidé de prendre un cap vélo accéléré. Notre avance ne durera pas longtemps si rien n’est entrepris pour donner un nouveau souffle à des équipements cyclables qui datent d’une autre époque.
En effet, plus de 90 % des voies cyclables de Montréal ont été réalisées entre 1975 et 1985. L’administration Drapeau-Lamarre, dont le coup de cœur vélo était un secret bien gardé, a été, avec la Communauté urbaine de Montréal et le ministère des Transports du Québec, le véritable artisan du Montréal cyclable.
La population a élu, depuis ce temps, des maires cyclistes. Ceux-ci ont dirigé des administrations qui ont posé des gestes valables pour la promotion de la bicyclette et qui ont chacune produit leur propre projet de politique. À chaque fois, ces projets ont reçu l’appui unanime des milieux cyclistes.
Pourtant, en dépit de sentiments on ne peut plus favorables aux cyclistes et au vélo, aucune de ces excellentes politiques vélo n’a dépassé le stade de projet. Le réseau cyclable montréalais persiste à faire du vélo stationnaire depuis plus de 15 ans.
On nous a souvent rapporté, en coulisses, que les meilleures initiatives subissaient le hachoir des préjugés automobilistes des ingénieurs de la circulation ou qu’elles étaient étouffées par l’inertie et le manque de ressources accordées aux fonctionnaires.
Nous avons toujours accepté de ce genre d’explications en nous répétant que Rome ne s’était pas construite en deux jours. Maintenant, cela fait trop longtemps que la machine montréalaise ronronne sur ses acquis; Vélo Québec vient dire aujourd’hui qu’un changement de braquet s’impose.
Si le réseau cyclable n’a guère progressé, l’utilisation de la bicyclette a, par contre, augmenté et s’est même diversifiée. En plus de se développer comme le populaire véhicule récréatif que l’on connaît, le vélo est devenu un moyen de transport pour plus de 140 000 résidants de l’île de Montréal. Dans un quartier central comme le plateau Mont-Royal, quelque 10 % des déplacements s’effectuent en vélo. Ce qui est diablement plus, soit dit en passant, que ce qu’il est loisible d’observer dans plusieurs villes européennes, alors que la part moyenne des déplacements en vélo avoisine 5 %.
Le vélo est passé du stade de phénomène à celui de composante de la vie quotidienne de notre ville. Les cyclistes sortent leur vélo non seulement pour la balade ou la défonce de fin de semaine, mais aussi pour se rendre au travail, faire des courses, visiter des amis ou simplement aller prendre un verre sur une terrasse. Pour répondre à la demande, selon l’expression consacrée, le réseau cyclable doit donc être conçu en fonction de ces usages multiples et nouveaux.
Or, comme il n’a pas augmenté, le réseau montréalais est engorgé par les cyclistes, ainsi que par une kyrielle d’autres usagers sympathiques : les patineurs, les planches, les poussettes, les coureurs, les chaises roulantes, sans parler des piétons qui semblent s’y trouver plus à l’aise pour marcher côte à côte que sur certains trottoirs.
Ayant été conçu à une autre époque, le réseau cyclable montréalais ne correspond plus, en outre, aux besoins actuels des cyclistes. Nous affirmons qu’il faut planifier une nouvelle génération de voies cyclables. Il faut passer à une nouvelle catégorie de pistes qui nous mènent d’un point à l’autre par le meilleur chemin possible, et non qui nous font faire des détours par tout ce que la ville contient de petites rues et de ruelles.