Au cours des derniers mois, nous avons beaucoup entendu parler d’électrification des transports. Surtout d’électrification des autos! Fort heureusement, en début d’été, le ministre des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports (MTMDET), Laurent Lessard, conviait un nombre impressionnant d’organisations à prendre part à une consultation sur le projet de Politique gouvernementale sur la mobilité durable. Vélo Québec y était et a fait valoir que l’aménagement du territoire, destiné en priorité à la voiture individuelle, est un modèle coûteux que notre société n’a plus les moyens de soutenir.
Ainsi, il importe que soient reconnus le vélo et les transports actifs dans une telle politique et que soit établie une équité dans le financement des systèmes de transport. Il faut absolument revoir la répartition des budgets alloués actuellement à l’auto solo au détriment des transports publics et des transports actifs. Et pour augmenter significativement la part du transport actif dans la mobilité quotidienne, il faut certes se donner des objectifs ambitieux d’investissements.
L’enveloppe actuelle de 5 M$ par année prévue par le MTMDET ne suffit pas pour aider les municipalités à opérer le virage en faveur du transport actif. En 2017, les cinq plus importantes villes du Québec auront investi, à elles seules, plus de 30 M$ pour aménager des infrastructures cyclables. Avec le Plan-cadre vélo qu’elle vient d’annoncer, Montréal montre la voie. La Ville double ses investissements pour les faire passer à 30 M$ par année au cours des cinq prochaines années, un seuil historique.
Ailleurs dans le monde, le transport actif est pris au sérieux et des sommes importantes y sont consacrées. À Paris seulement, ce sont 150 M$ d’euros sur 5 ans qui ont été annoncés en 2015. Et la ville se métamorphose. À Londres, en 2016, c’est 770 M de livres sterling qui ont été engagées pour une période similaire. Ici, le vélo est considéré comme cool et sympathique, mais les sommes qu’on y consacre sont dans une catégorie qui n’a rien à voir avec toute autre infrastructure de transport digne de ce nom. Le Québec, jusqu’à tout récemment leader au Canada, commence d’ailleurs à se faire doubler par sa voisine l’Ontario, qui investit 50 M$ en infrastructures cyclables, en partenariat avec les municipalités, en 2017 seulement.
Lors des consultations sur la Politique gouvernementale sur la mobilité durable, nous avons proposé qu’une cible de 100 millions de dollars en infrastructures cyclables soit visée annuellement pour les trois prochaines années. Cette cible pourrait être atteinte avec un partage à 50 % avec le milieu municipal ou selon tout autre scénario incluant le gouvernement fédéral, auprès duquel le Québec n’est pas encore allé chercher son dû. Voilà un signal qui aurait le mérite d’être clair et qui permettrait de faire des gains importants en mobilité active et durable.
Suzanne Lareau
Présidente-directrice générale