S’il y a eu un bon côté au confinement, c’est qu’il nous a forcés à mettre le nez dehors plus souvent pour nous oxygéner et prendre l’air. Pour certains, la pandémie aura été un puissant motivateur à sortir pour bouger… et socialiser. Espérons que ces bonnes habitudes de vouloir jouer dehors et de se déplacer à pied et à vélo se poursuivront au sortir de cette crise.
J’ai toujours envié les habitants des pays scandinaves qui vivent en symbiose avec leur climat. Même si l’hiver nous apparaît parfois sans fin, je n’échangerais pas ma place pour vivre à l’année sous le soleil. J’aime les changements de saison, j’aime la neige, j’aime le ski et le vélo. On prédit que le ski de fond aura la cote cet hiver, et c’est une excellente nouvelle. Je vous prédis aussi que rouler à vélo l’hiver ne sera plus perçu comme l’apanage d’hurluberlus, mais bien une pratique en forte croissance qui est là pour de bon. Il y aura évidemment des tempêtes et de gros froids exigeant plus de motivation pour embarquer sur un vélo ou y renoncer. Mais qui a dit que faire du vélo entre décembre et mars devait être tous les jours? Vous avez le choix! Le choix de rouler lorsque la chaussée est déneigée, le choix de rouler lorsque la température du thermomètre vous convient, le choix de prendre un trajet vous permettant de rouler en sécurité. En vous habillant adéquatement, surtout la tête, les mains et les pieds, vous avez le choix de multiples combinaisons pour profiter de l’hiver à vélo. Comme moi, vous constaterez que la pratique du vélo hivernal est moins chaotique qu’une saison de ski de fond ou de patin, plus sensible aux aléas de la météo et des redoux.
Dans les années 80, alors étudiante à l’UQAM, nous étions 3 ou 4 à rouler l’hiver… sans voies cyclables déneigées. Puis, pendant plusieurs années, j’ai arrêté de rouler une fois la neige venue, en étirant ma saison de vélo le plus loin en décembre pour la reprendre en mars. Aujourd’hui, la grande avancée en matière de vélo hivernal, c’est l’accessibilité. Pensons notamment au REV sur Saint-Denis, les rues Bellechasse, Rachel, Berri et le boulevard De Maisonneuve ainsi qu’au nouveau pont Samuel-de-Champlain et Jacques-Cartier, une première à l’hiver 2021. Ces aménagements offrent désormais aux cyclistes montréalais un réseau de plus en plus intéressant pour leurs déplacements utilitaires et en convaincront certainement plusieurs à tenter l’expérience du vélo cet hiver.
Si 80 % des cyclistes de Copenhague poursuivent leurs déplacements à vélo en hiver, c’est que leur réseau est jalousement déneigé, et ce, avant 7 h le matin pour les axes principaux. Il est vrai que l’hiver danois n’est pas aussi rigoureux que celui du Québec, mais il y a bel et bien un hiver avec de la neige, du froid et de la sloche. Lorsqu’on dit « construisez des aménagements et les cyclistes viendront » c’est aussi vrai pour l’entretien : « déneigez, entretenez la chaussée et les cyclistes rouleront ». Parions que l’entretien hivernal des pistes – une norme qui figure de plus en plus à l’agenda des municipalités – jumelé au contexte actuel de la pandémie pourrait causer des surprises sur le nombre d’adeptes du vélo d’hiver et qui sait, devenir un nouveau « sport » national.
Suzanne Lareau
Présidente-directrice générale