Réforme du Code de la sécurité routière : le vélo est à l’ordre du jour

Suzanne Lareau
Le 1 septembre 2014

Il faut souligner la très grande pertinence du Groupe de discussion sur la sécurité des cyclistes créé par M. Robert Poëti, ministre des Transports, et composé de représentants de différents secteurs (municipalités, police, sociétés de transport urbain, camionnage, coroners, CAA, SAAQ, MTQ, santé publique, milieu universitaire et groupes cyclistes). Invité à réfléchir sur la sécurité des cyclistes, ce groupe de 45 personnes aura tenu 5 rencontres d’une journée d’ici la fin de l’automne.

La 14 août dernier, les 6 groupes cyclistes ont été invités à présenter leur positon sur la place du vélo dans le contexte règlementaire actuel. En plus d’une convergence évidente de leurs positions, les cyclistes ont plaidé en faveur d’un Code de la sécurité routière (CSR) adapté aux caractéristiques du vélo.

Pour moderniser le CSR, Vélo Québec a suggéré que le gouvernement adopte la démarche du Code de la rue reposant sur le principe de prudence. La philosophie que soutient cette démarche (en vigueur en France et en Belgique), est que la voie publique n’est pas vouée exclusivement à la fonction de circulation automobile et que chaque usager y a sa place, et plus spécifiquement, les plus vulnérables. Le principe de prudence implique que le conducteur doit, à tout moment, adopter un comportement prudent et respectueux envers les autres usagers de la rue et de la route.

Actuellement, dans le CSR, le vélo a les mêmes obligations que l’auto sans avoir les avantages en terme de priorité qu’on accorde au piéton. Nous considérons que le cycliste à plus à voir avec le piéton qu’avec l’auto. Les statistiques d’accidents confirment que les accidents graves et mortels sur les routes sont causés par des véhicules motorisés (auto, camion, moto) dans 99 % des cas.

Vélo Québec a également formulé quelques recommandations concrètes en faveur de la mobilité durable: précision sur  la distance sécuritaire à respecter lors des dépassements par une auto, partage des trottoirs entre piétons et cyclistes lorsque la circulation sur la chaussée est dangereuse (dans un tunnel, par exemple), élimination des points d’inaptitude attribués aux cyclistes qui ont un permis de conduire (alors qu’il n’est pas requis pour circuler à vélo), hausse des amendes et attribution de points d’inaptitude aux automobilistes lors d’infractions mettant en danger la vie des cyclistes telles que l’emportièrage, possibilité de faire un ralentissement marqué au lieu de s’immobiliser complètement à un panneau d’arrêt, autorisation de suivre les indications d’un feu piétons pour traverser une intersection, etc.

Lors de cette rencontre, nous avons constaté une grande ouverture des participants à la réalité des cyclistes. Ce n’est pas étonnant quant on sait que 54 % des Québécois font du vélo et, que 2 millions de personnes en font chaque semaine. Les gens présents ont reconnu que notre sécurité passe non seulement par une règlementation adaptée, mais aussi par une plus grande sensibilisation au partage de la route. Nous ne pourrons améliorer le partage de la route en utilisant uniquement la répression, aussi l’éducation des cyclistes et des automobilistes restent une des clés du succès de ce partage. C’est une bonne nouvelle: il semble que le Québec soit mûr pour faire plus de place au transport actif.

Vélo Québec continue à suivre ce dossier de près et nous vous informerons de la suite des choses. Je vous invite à lire nos propositions, en version abrégée ou intégrale, et à nous acheminer vos commentaires par courriel.

Suzanne Lareau
Présidente-directrice générale

×