Mi-mars, j’ai fait la file pendant 45 minutes pour entrer dans mon magasin de vélo préféré. Comme beaucoup de Québécois, je vivais les conséquences de l’explosion de la demande. Le boom du vélo est bien réel. Moneris rapportait que les dépenses dans les magasins de vélo ont augmenté de 32% en 2020 et qu’en janvier 2021, elles affichaient déjà une augmentation de 87%. En 2015, notre étude sur l’État du vélo au Québec évaluait le marché du vélo à 500 millions de dollars au Québec. Voici quelques exemples pour illustrer que la #Véloconomie va bien au-delà du marché de détail de cette industrie.
Le vélo à la rescousse de nos centres-villes
Dans les dernières semaines, la firme PwC a publié un rapport pour le compte de la Ville de Montréal recommandant la multiplication des pistes cyclables et de rues piétonnes pour favoriser la relance du centre-ville. Citant des exemples de partout dans le monde, ce rapport explique comment les infrastructures cyclables favorisent la mobilité, mais rend aussi les milieux de vie plus agréables. Dans un contexte où les centres-villes doivent se réinventer, faire plus de place aux piétons et aux cyclistes est une façon concrète de renforcer la qualité de l’expérience.
Le vélo pour attirer des entreprises et les jeunes professionnels
Les grandes villes américaines ont bien compris l’importance des infrastructures cyclables pour attirer et retenir des talents. Le maire de Chicago Rahm Emmanuel (2011-2019) affirmait en 2012 qu’une ville en faveur des startups et de l’économie des nouvelles technologies ne pouvait qu’être pro-infrastructures vélo. Il en va de la compétitivité des centres urbains : les entreprises recherchant aujourd’hui des villes leur permettant de trouver des talents, mais offrant aussi un endroit où il fait bon vivre.
Le vélo pour accroître le revenu personnel disponible
Un autre aspect qui, selon moi, est souvent négligé dans l’apport du vélo dans l’économie est l’argent qu’il laisse dans les poches des personnes qui se déplacent à vélo. Il est facile de comprendre qu’utiliser un vélo coûte moins cher qu’une voiture. Lorsque le vélo permet d’éviter l’achat d’une voiture, les sommes disponibles pouvant être réaffectées à d’autres dépenses représentent en moyenne quelque 11 000$ selon CAA-Québec. Sachant que le Québec ne fabrique pas de voitures, la prochaine fois que vous verrez un stationnement rempli, ayez une pensée pour le déficit commercial du Québec et tout cet argent qui sort du Québec.
À l’aube des élections municipales, la question n’est pas de savoir s’il faut ou non investir dans le vélo. La question devrait plutôt être « combien cela nous coûte-t-il collectivement de ne pas offrir le vélo comme une solution accessible au plus grand nombre de personnes? »
Jean-François Rheault
président-directeur général