Ce que le vélo représente pour moi

Édith Cochrane
Le 15 mai 2023

Peut-être que mon amour pour le vélo est en lien direct avec la satisfaction que me procure le sentiment d’avoir le contrôle sur mon existence!!

(C’est si rare qu’on puisse jouir de ce sentiment, aussi bien le dire quand on en prend conscience!)

Quand je suis en vélo, j’ai la délicieuse impression d’avoir pris la bonne décision. 

D’avoir fait de bons choix de vie.

Rien de moins!

J’ai la conviction que je suis en selle dans toutes les sphères de ma vie.

Je prends le chemin que je veux, je vais à la vitesse que je désire et je souris aux gens, si ça me plait. 

Je suis en contact avec le réel.

Je sens les odeurs, l’air frais et je reçois les gouttes de pluie parce que j’ai choisi de le faire!

Je suis au volant d’un moment de pure liberté. 

Je déjoue les obstacles, surmonte les défis routiers et file à la vitesse de la lumière.

En réalité, je conduis tranquillement un vélo de madame, un panier devant pour ma sacoche et un siège de bébé derrière. 

Qu’à cela ne tienne, je suis la reine de la piste!

Je me fais un malin plaisir à regarder les gens dans leur voiture, tourner en rond pour trouver une place de stationnement ou regarder dans le vide, l’air de regretter de ne pas vivre l’expérience de la route comme moi!

Quand j’arrive à destination, je sens l’admiration des collègues automobilistes qui, souvent, arrivent en retard, en pestant contre le trafic ou les conditions météo.

Je leur réponds d’un sourire bienveillant, les cheveux en bataille, les joues rougies comme si je revenais d’une sortie de ski, heureuse.

À ce moment précis, je trouve que j’ai fait le bon choix. Même plus, que ma vie est une succession de bons choix! Que je suis exactement à l’endroit où je devrais être. 

Je savoure le moment parce que la minute suivante, je peux me rappeler que j’ai oublié d’enlever mon bas de pyjama, me rendre compte que je ne suis pas au bon endroit ou recevoir l’appel de l’école d’un de mes enfants ce qui ferait disparaître instantanément ce sentiment de quiétude.

Parfois, je flanche oui.

Au détour d’une journée froide, trop chargée ou tout simplement par paresse, je prends la voiture.

Chaque fois, quand je croise le regard d’un·e intrépide cycliste au grand sourire, je sens que ma vie est jalonnée de mauvaises décisions.

Je regrette ma posture et arrive à mon rendez-vous, un peu en retard, avec la désagréable impression que ma destinée m’échappe.

Je me rappelle avec nostalgie, la femme que j’étais hier, libre, le coeur léger, le regard fier. Et me promet que demain sera un autre jour.

À vélo.

É. Xxx

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