Mon parcours sinueux à vélo

Pascal Yiacouvakis
Le 22 mai 2023

Aujourd’hui le vélo fait partie intégrante de ma vie. Mais cet intérêt est venu tard.

Enfant et adolescent j’ai fait du vélo comme les jeunes de mon âge mais sans plus. Ce fut plus ou moins la même chose au cégep et à l’université. J’avais certes une bicyclette mais je ne l’utilisais que rarement. Le réseau cyclable n’étant que peu développé à cette époque, nous n’étions pas vraiment enclins à nous déplacer à vélo.

J’ai débuté ma carrière de météorologue pour Environnement Canada au milieu des années 80, d’abord à Edmonton en Alberta. Je m’étais alors acheté un vélo de montagne pensant l’utiliser dans les Rocheuses, mais entre la théorie et la pratique il y avait un pas que je ne franchis pas vraiment. J’étais un peu trop contraint par un horaire de travail faisant alterner les quarts de jour et de nuit.

C’est lorsque je fus muté à Cornwall en Ontario en 1988 à l’âge de 26 ans que mon intérêt pour le vélo débuta vraiment.

Tout commença par une balade dans la campagne de cette région plutôt rurale de l’est de l’Ontario. Quelque peu inconscient, j’avais décidé d’accompagner un collègue de travail adepte de marathon qui s’entraînait aussi à vélo. Bien évidemment cette petite sortie fut pour moi une épreuve et mon orgueil en pris un coup. J’ai alors vite compris que j’avais beaucoup de chemin à faire pour trouver la forme et surtout suivre mon collègue Bruno.

Sans hésitation je me suis alors acheté mon premier Marinoni (j’en ai possédé deux) et à partir de ce moment je devins fou de vélo. Je roulais presque tous les jours en moyenne 40 kilomètres, fréquemment après le travail, simplement pour le plaisir et souvent seul.

Puis lors de mon séjour en France (à Toulouse) pendant un an (pour mon projet de maîtrise au début des années 90), mon Marinoni fit le voyage avec moi. Dès que j’avais du temps libre, je partais découvrir la région de Toulouse seul ou avec des amis cyclistes météorologues. J’ai roulé plusieurs milliers de kilomètres sur les départementales et les communales de cette belle région et que dire de mes escapades en solitaire dans les Pyrénées, des souvenirs impérissables. Difficile de décrire le côté grisant des descentes à vive allure après des montées éreintantes.

À mon retour à Montréal j’ai continué à me déplacer à vélo, mais avec mon nouveau travail à Radio-Canada et son horaire très matinal, les occasions d’emprunter ma bicyclette se faisaient plus rares. Pas facile de se motiver à enfourcher sa monture à quatre heures du matin.

Ainsi, après une pause de presque 15 ans et 9 kg en trop, j’étais déterminé à retrouver la forme et j’ai alors renoué avec le vélo. De plus, profitant d’un changement d’horaire de travail en 2011 (horaire de soirée), l’occasion était rêvée d’aller au bureau le plus souvent possible à vélo. Avec le réseau cyclable de plus en plus étendu, il n’y avait plus d’excuses.

Depuis 2011 je roule assidûment et voilà maintenant quatre ans que je me déplace à vélo toute l’année, hiver comme été, beau temps mauvais temps, soit au total presque 2 000 kilomètres par année (en ville).

Qui plus est, l’avènement du Réseau Express Vélo (REV) a été un tournant pour le cycliste que je suis. Il devenait alors possible de se déplacer même en hiver sur un réseau cyclable très sécuritaire malgré la neige et la glace. Le REV étant bien déneigé et salé, pourquoi ne pas en profiter au maximum. L’hiver je fais sans hésitation un détour pour emprunter le REV de la rue Saint-Denis et celui de la rue de Bellechasse pour me rendre au centre-ville. Le REV est synonyme de sécurité malgré les conditions météo parfois difficiles.

Le vélo est pour moi un mode de vie, je fais presque toutes mes courses et mes déplacements à vélo, roulant souvent jusqu’à 20 kilomètres aller-retour pour faire des emplettes à l’autre bout de la ville. Il est garant de ma santé physique (et de celle de notre environnement) et que dire de ce sentiment de liberté, au grand air et en mouvement, tout est plus agréable. C’est joindre l’utile à l’agréable.

Des milliers de kilomètres plus tard, je roule sur le même vélo depuis plus de 12 ans, ne faisant que changer les pièces trop usées. Notre duo en a vu de toutes les couleurs, de la chaleur extrême aux grands froids de l’hiver sans parler de la pluie, de la neige et du verglas. Faire face à des conditions de route souvent difficiles me fait davantage apprécier le temps clément. Je ne suis pas du genre à me restreindre à rouler malgré le mauvais temps.

Mon vélo vieillissant est devenu un fidèle compagnon de route et j’hésite à le remplacer, j’y suis attaché. Mon vieux Marinoni lui ne sort qu’au retour des beaux jours. Il faut le ménager car à presque 30 ans d’âge c’est un peu une pièce de collection.

En deux mots, je pourrais dire que je suis accro au vélo.

Pascal Yiacouvakis
Météorologue

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