Protégeons nos sentiers de proximité

Jean-François Rheault
Le 13 juin 2024

La saison de vélo de montagne bat son plein, avec la majorité des sites de pratique qui ont rouvert leurs sentiers dans les dernières semaines. Avec l’arrivée des premières journées chaudes, c’est le moment idéal pour dépoussiérer sa selle et se dégourdir les jambes. Le printemps, c’est aussi le temps des corvées. Les sentiers, qui ont passé l’hiver sous la neige, ont besoin d’un petit coup de pouce avant de pouvoir être pleinement appréciés. Chaque année, ce sont des milliers de bénévoles et de professionnel·les qui s’impliquent pour s’assurer que leur sport demeure accessible et sécuritaire.

L’engouement actuel pour le vélo de montagne fait parfois oublier son long parcours pour s’enraciner dans la province. De nombreuses destinations de vélo de montagne, qui font désormais le bonheur des adeptes à travers le Québec, ont commencé modestement dans l’informalité avant d’obtenir leurs lettres de noblesse. Si les grands centres de vélo de montagne sont le tremplin de la pratique au Québec, les sentiers de proximité en sont la porte d’entrée. Ce sont ces lieux près de chez soi qui permettent à la jeunesse de s’initier au sport et aux adeptes de s’y adonner fréquemment.

Or, la venue de la belle saison du vélo peut, pour plusieurs, être empreinte de déception alors que plusieurs sentiers ne rouvriront jamais. En effet, l’accès au territoire naturel et aux activités de plein air, telles que les pratiques cyclistes hors-route, demeurent précaires. Malgré l’augmentation constante du nombre de cyclistes de montagne à travers la province, de nombreux réseaux de sentiers disparaissent chaque année malgré les efforts et l’énergie déployés par les communautés pour les garder ouverts. Cette situation ne se limite pas seulement aux réseaux informels puisque des centres d’envergure, comme Empire 47, ont récemment vu leurs sentiers menacés.  

Nous apprenions dans le dernier Bulletin de l’activité physique que le taux d’activité des enfants et des jeunes demeurait insuffisant. Si l’on espère inverser cette tendance, il est essentiel de miser sur des loisirs accessibles, gratuits et surtout, qui interpellent les jeunes.

Le vélo de montagne est souvent perçu à tort comme incompatible avec la conservation des milieux naturels. Or, il est tout à fait possible d’aménager des sentiers de proximité accessibles et sécuritaires en respectant l’environnement. Il a été démontré que lorsque bien aménagés, les sentiers de vélo de montagne sont équivalents aux sentiers de randonnée en termes d’impact sur le milieu.  Le vélo de montagne de proximité est aussi un incroyable levier pour mobiliser et sensibiliser l’ensemble de la population à la protection de la nature. La mobilisation citoyenne menant à la création du Parc des Sommets ou encore, plus récemment, la pétition de 15 000 noms récoltés pour sauver la Marmota en sont d’excellents exemples.

En tant qu’organisme national de loisir, Vélo Québec reconnaît que la pratique du vélo, en particulier du vélo de montagne, est indissociable de l’accès au territoire. La vitalité de la culture vélo dépend en effet du développement de nouveaux lieux de pratique, mais surtout de la protection et de la pérennisation des sentiers existants. 

Les réseaux de proximité doivent être reconnus comme des infrastructures publiques à part entière, puisqu’ils répondent à des besoins tangibles et aident à vitaliser les milieux de vie dans lesquels ils s’insèrent. En ce sens, Vélo Québec se réjouit que la récente refonte des Orientations gouvernementales en aménagement du territoire (OGAT) intègrent certaines de nos recommandations concernant la reconnaissance et la protection des accès publics aux territoires naturels. Nous espérons que ces nouvelles orientations découlent promptement dans les documents de planification régionale et locale afin de protéger l’ensemble des pratiques de plein air de proximité et de consolider l’accessibilité, la sécurité et la durabilité des sentiers de vélo de montagne partout au Québec.

Jean-François Rheault

Président-directeur général, Vélo Québec

×