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Voici quelques exemples de groupes et de citoyen·ne·s qui ont pu identifier un enjeux cycliste dans leur communauté et qui ont ensuite réussi à se mobiliser, interpeller les bons interlocuteurs·trices et réellement effectuer dans changements physiques, économiques et culturels.
Le Comité Portail Saint-François a été mis sur pied à la fin de l’été 2018, à l’initiative d’Olivier Ross, un citoyen de Sherbrooke. Ross voyait un potentiel inexploité de développement de passerelle vélo sur un pont ferroviaire inutilisé et déjà emprunté de façon clandestine par les piétons, faisant le lien entre le quartier de Fleurimont et le centre-ville de Sherbrooke. Olivier s’est alors entouré d’ami·e·s et de connaissances afin de faire la promotion de son projet de reconversion du pont. En septembre 2018, il a organisé une réunion avec une vingtaine de personnes, membres de la communauté, médias et acteurs·trices du milieu, afin de les inviter à embarquer dans son projet. Cette mobilisation citoyenne tombait à point, puisque la MRC du Haut-Saint-François venait justement d’engager un chargé de projet dont la mission était de développer un projet de voie multifonctionnelle entre Sherbrooke et St-Joseph-De-Coleraine, un projet sur la glace depuis quelque temps déjà. Le comité citoyen mis sur pied par Olivier, qui mettait de la pression sur les élu·e·s, permettait de créer un momentum pour que tous·tes puissent s’approprier le projet.
En parallèle, le comité continuait à cogner à différentes portes : Destination Sherbrooke, la Ville de Sherbrooke, la Chambre de commerce et les député·e·s provinciaux et fédéraux afin de leur partager sa vision du projet. Les personnes impliquées dans ce comité sont parvenues à élaborer une stratégie pour promouvoir le projet et fédérer les citoyen·ne·s, les acteurs·trices politiques et les gens de la communauté des affaires autour de cette passerelle vélo. Rapidement, les membres ont convenu que leur comité serait ponctuel, et qu’il consacrerait ses efforts à cet unique projet. Ainsi, afin de recueillir des appuis en faveur de leur initiative, les membres ont créé un site web, participé à divers événements pour parler du projet et rencontré personnellement les acteurs·trices du milieu, notamment les commerçant·e·s, qui ont accepté d’adhérer au projet et de diffuser publiquement leur appui sur la page Facebook du groupe. La députée provinciale, Christine Labrie, a pris l’initiative, à même son budget discrétionnaire, d’organiser un concours visant à appuyer les différentes initiatives citoyennes de sa circonscription. Le Comité Portail Saint-François a ainsi remporté une enveloppe budgétaire qui lui a permis de créer encore plus de matériel promotionnel à distribuer ainsi que d’organiser un événement de visite du lieu afin de maintenir la visibilité de l’initiative, toujours dans le but de rallier la communauté à sa cause.
La communauté s’est vraiment mobilisée, les élu·e·s ont été très sensibilisés aux enjeux et les commerces ont favorablement accueilli le projet. Destination Sherbrooke a pu profiter de l’initiative en s’appropriant le projet et en faisant eux-mêmes la promotion. Finalement, le projet se réalisera et se retrouvera au centre d’une stratégie de promotion touristique de la région. Des fonds ont été débloqués, tant du côté municipal que provincial, afin de créer une véritable plaque tournante pour la ville de Sherbrooke.
La sollicitation des membres de la communauté a été constante, pour s’assurer que le projet garde sa place dans l’actualité. La couverture médiatique a d’ailleurs grandement participé à cette promotion.
Faire en sorte que tous les membres du comité arrivent à s’approprier le projet. L’engagement demeure bénévole; il est important de garder en tête les limites que ça représente, notamment au niveau de la difficulté de trouver le temps de se rencontrer.
Dans le cas du Comité Portail Saint-François, les membres du comité sont parvenu·e·s à cibler des objectifs précis à court terme, par exemple l’organisation d’activités, ce qui a permis de maintenir l’engouement pour l’objectif ultime à long terme : la réalisation du projet. Dès la première heure, les membres ont fait preuve de persévérance et ils·elles ont continué de cogner à toutes les portes pour faire connaître leur projet.
Étant donné que 50% des travailleur·euse·s de la ville de Sherbrooke habitent à moins de 5 kilomètres de leur lieu de travail, le potentiel de vélo-boulot est immense dans cette ville. Devant ce constat, un groupe de citoyen·ne·s a voulu démocratiser la pratique et faire pression sur les politicien·ne·s pour faire augmenter les investissements en transport actif, en plus de leur démontrer l’engouement citoyen pour le vélo. Ils ont choisi d’organiser un événement ludique et festif, par lequel ils pourraient promouvoir le vélo et ses bienfaits, en rassemblant autant les boutiques de vélo que les organismes concernés. Tous·tes les citoyen·ne·s pouvaient ainsi s’éduquer sur la pratique du vélo et envisager les façons de l’inclure dans leurs vies. Les membres ont aussi choisi de rendre leur événement très accessible, afin d’aller chercher un bassin de gens au-delà des convaincu·e·s de la pratique, dans l’optique de célébrer autant le transport utilitaire, le vélo de plaisance que le vélo de montagne.
La troisième édition de la Fête du vélo aura lieu en 2022. Vu les consignes sanitaires en vigueur, seules deux activités ont pu être conservées à la programmation : un atelier extérieur portant sur la mécanique de vélo offert par un membre de la Déraille, et une conférence en ligne portant sur la dépendance à l’automobile donnée par Jérôme Laviolette. Au fil du temps, les organisateur·trice·s ont véritablement su raffiner leur événement, qui a pris de l’ampleur, et qui s’inscrit maintenant comme un incontournable du domaine, une initiative d’ailleurs saluée par les élu·e·s locaux. La Fête du vélo est devenue un bel événement rassembleur qui permet de célébrer le vélo et le démocratiser dans l’espace public. Cette fête offre à la communauté cycliste une occasion de se rassembler et aux citoyen·ne·s de connaître les acteurs du transport actif de leur ville.
Parmi les activités offertes, les citoyen·ne·s et élu·e·s peuvent participer à un tour de ville qui permet de donner un aperçu des infrastructures à leur disposition. De plus, différentes activités pour enfants sont organisées (ex. décoration de casques de vélo, vélo-smoothie, parcours à vélo). Divers commerces et organismes de Sherbrooke tiennent aussi des kiosques afin de présenter leur offre de services en matière de vélo utilitaire. Un autobus de la Société de transport de Sherbrooke est également présent sur les lieux afin que les cyclistes puissent apprendre à installer leur vélo à l’avant de l’autobus dans une optique d’intermodalité. Les membres organisateur·trice·s ont donc su diversifier leur offre d’activités afin de rejoindre un plus grand éventail de gens, de la famille qui commence son aventure à vélo jusqu’aux initié·e·s convaincu·e·s. Ils sont aussi parvenus à mobiliser un lot impressionnant de bénévoles.
Lors de la première édition, l’équipe, dans tout son enthousiasme, a probablement sous-estimé les délais administratifs avec la Ville, notamment pour l’obtention de fonds et de permis. Ça a donc occasionné certaines incertitudes qui ont ajouté une pression sur le comité, qui a dû gérer beaucoup d’éléments à la dernière minute.
Prendre de l’avance dans la planification des éléments administratifs. Selon la taille de la municipalité, un délai d’au moins six mois est raisonnable pour demander les divers permis et ainsi éviter le stress de dernière minute.
Pour un événement citoyen à petit budget comme la Fête du vélo, il faut tenter de réduire au minimum les entrées et sorties d’argent, car cela rajoute beaucoup de travail de gestion. Pour un budget de 1500$, il est préférable de viser 2 ou 3 bailleur·euse·s de fonds qui offriront 500$ chacun·e plutôt qu’une dizaine qui proposent de plus petits montants.
Garder une structure d’organisation simple, avec un mode de communication facile à assimiler rapidement. Dans ce cas, l’outil Slack a bien fonctionné.
Tenter de conserver le plus d’éléments possibles d’année en année plutôt que de toujours brasser les cartes. Cela aide à réduire le temps d’organisation d’une année à l’autre.
Planifier dès les premières éditions des mesures de succès de l’événement. Cela aide à confirmer que la mission de l’événement est atteinte et permet de bonifier des demandes de subventions subséquentes.
Avoir une personne compétente, rémunérée, pour gérer le volet communication de l’événement.
Depuis une quinzaine d’années, divers mouvements citoyens militent pour un accès quatre-saisons à la piste multifonctionnelle du pont Jacques-Cartier. Au cours de cette période, plusieurs manifestations et coups d’éclat ont eu lieu, et la pression politique et médiatique n’a jamais vraiment cessé. Dans les dernières années, une association plus formelle a pris forme dans le but d’officialiser les activités et de fédérer les diverses revendications afin de les rendre plus légitimes aux yeux des acteur·trice·s du milieu. Parmi les actions entreprises, une des campagnes a été particulièrement réussie : lors des élections fédérales de 2019, l’association a réussi à rencontrer la majorité des député·e·s fédéraux concerné·e·s, tant sur la Rive-Sud qu’à Montréal, afin de les sensibiliser à l’enjeu du déneigement et aux divers avantages du transport actif, particulièrement dans un contexte de crise climatique. Les membres ont assuré une couverture de leurs activités sur les médias sociaux, ce qui permettait aux citoyen·ne·s de suivre l’évolution des discussions avec les élu·e·s, créant ainsi un vrai élan au sein de la communauté.
En maintenant une couverture médiatique accrue, l’association est parvenue à faire de la question une priorité politique, peu importe l’élu·e en place. Cette pression a aussi certainement contribué à la mise en place du projet pilote de déneigement par la SPJCC. Finalement, lors de l’hiver 2020-2021, il a été annoncé que la piste multifonctionnelle du pont Jacques-Cartier sera déneigée. C’est une grosse victoire!
La création fréquente de contenu de grande qualité sur les réseaux sociaux : vidéos, photos, publications, etc.
Le maintien d’une veille médiatique relative aux publications des élu·e·s afin de les relancer constamment sur les enjeux qu’ils disent défendre.
L’adoption d’un ton à la fois militant et professionnel, à la recherche d’un dialogue avec les acteurs·trices concerné·e·s.
L’engagement reste bénévole; il peut donc être difficile pour les membres de trouver le temps de rencontrer les élu·e·s, dont les disponibilités ne cadrent pas toujours avec les horaires des membres. La flexibilité des membres et de leurs employeurs est donc essentielle dans un tel contexte.
L’enjeu de l’entretien hivernal de la piste multifonctionnelle du pont Jacques-Cartier fait partie de ces luttes de longue haleine. Il faut donc continuer à se réinventer avec des activités variées (réunions entre sympathisants, manifestations, BBQ festif, rencontre avec les élu·e·s), question de maintenir l’engouement pour le projet.
La Coalition mobilité active de Montréal (OBNL) s’est donnée comme mission de mobiliser différentes associations citoyennes de quartier qui pourraient défendre la place du transport actif dans la planification urbaine de leur arrondissement. Devant l’ambition de certains citoyen·ne·s voulant améliorer la condition des piétons et cyclistes dans Ville-Marie, une association officielle a vu le jour, avec l’appui de la Coalition. Rapidement, grâce à sa présence au conseil municipal et la rencontre de fonctionnaires, elle est parvenue à se bâtir une réelle crédibilité dans la défense du transport actif dans son arrondissement. L’association milite activement pour la défense des piétons et des cyclistes, entre autres avec la mise en place systématique de corridors pour les usager·ère·s vulnérables aux abords des projets de construction dans le quartier et l’ajout de bollards et d’installations de séparation physique permettant d’accroître le sentiment de sécurité des usager·ère·s. Conjointement avec d’autres mouvements citoyens du secteur, l’association a généré une pétition visant à ce que le transport actif devienne dominant dans le Vieux-Montréal.
L’association siège au conseil de mobilité active de l’arrondissement et entretient des liens de travail proactifs avec les élu·e·s et les fonctionnaires dans cette optique. Elle a su bâtir sa crédibilité rapidement et s’établir de façon durable au sein des paliers décisionnels de l’arrondissement.
Conjuguer les efforts bénévoles aux réalités du travail; les rencontres avec l’arrondissement se tiennent lors des heures de travail. Encore une fois, il est donc essentiel d’obtenir la faveur des employeurs. Les délais sont définis, et le nombre de bénévoles également.
II est important d’adopter un ton clair et de bien revendiquer les améliorations ou les changements à apporter pour le transport tout en restant constructif·ve. Il ne faut pas avoir peur d’établir cette ligne de conduite entre membres pour favoriser un climat propice à l’échange et la collaboration. Ça ne veut pas dire qu’il faut être excessivement consensuel! Bref, il s’agit d’un équilibre essentiel à trouver.
En mai 2018, la saison de vélo vient à peine de débuter et Hydro Québec informe la population que la piste cyclable qui passe par ses barrages reliant Salaberry-de-Valleyfield à Coteau-du-Lac sera fermée jusqu’au mois d’octobre avec possibilité de prolongement des travaux. Divers reportages dans les médias mentionnent que cette fermeture pourrait se prolonger pour les dix prochaines années, compte tenu des travaux qu’Hydro-Québec devra réaliser sur ses installations. Cette piste cyclable est le seul lien cyclable reliant les tronçons 3 et 5 de la Route verte à l’ouest de Montréal. Il y a des milliers de cyclistes qui empruntent ce passage de façon régulière, que ce soit pour le travail, le loisir ou les déplacements en famille. Devant ce constat, une équipe s’est rapidement formée autour du conseil d’administration du club de vélo Les 3 Sommets où chacun·e a été mis à contribution selon ses forces. Certain·e·s prenaient en charge les médias sociaux, le site web, d’autres les représentations politiques ou les communications directes avec les membres.
Le club a publié des communiqués de presse dénonçant cette fermeture aux médias écrits de la région, de la radio et de la télé locale. Les médias ont bien accueilli leur message et l’ont retransmis sur leurs plateformes. Le groupe fait aussi appel à la Coalition cycliste formée des 4 clubs cyclistes de l’Ouest de Montréal qui regroupe 900 cyclistes pour les appuyer dans leurs demandes. Les membres des clubs ont ainsi manifesté devant les installations d’Hydro-Québec. Leur slogan était: « Notre sécurité, on y tient! ». Une centaine de cyclistes ont répondu au rendez-vous. En 2018, les membres de la Coalition des clubs cyclistes de l’Ouest et les citoyen·ne·s de la région ont donc fait des représentations auprès des autorités politiques, dont les maire·sse·s et les député·e·s des trois comtés voisins. L’initiative a reçu l’appui des Municipalités Régionales de Comté (MRC) de Beauharnois-Salaberry et de Vaudreuil-Soulanges, totalisant 31 municipalités. Suite à ces manifestations et de nombreuses discussions avec les dirigeant·e·s politiques de la région, Hydro-Québec annonce qu’il participera à la hauteur de 800 000$, soit la moitié des coûts, afin d’ériger une installation temporaire cyclable sur le pont Mgr Langlois. Toutefois, le Ministère des Transports du Québec (MTQ) tarde à valider sa participation au projet.
En mai 2019, une autre manifestation est organisée, cette fois devant le bureau du député local, M. Claude Reid, qui est aussi adjoint parlementaire au Ministre des Transports. Encore une fois, les médias locaux sont mis à contribution. Un reportage au téléjournal de 18 h avec Patrice Roy est même réalisé sur le sujet. Entretemps, le Ministre des Transports M. François Bonnardel est interpellé à l’Assemblée Nationale par un député de l’opposition pour lui demander son intervention. Maintes discussions politiques plus tard et après tout ce branle-bas de combat, un terrain d’entente est finalement trouvé.
Un corridor cyclable temporaire sera construit sur le pont Mgr Langlois, le temps qu’Hydro-Québec complète les travaux qui s’avèrent essentiels pour la sécurité des barrages. Le gouvernement du Québec, les MRC de Beauharnois-Salaberry et de Vaudreuil-Soulanges ainsi qu’Hydro-Québec se partageront la facture. Afin d’être à l’écoute, Hydro-Québec a aussi fait appel à une firme externe pour prendre le pouls des utilisateurs·trices des barrages reliant Salaberry-de-Valleyfield à Coteau-du-Lac. Hydro-Québec a aussi rencontré des représentant·e·s de la coalition cycliste pour s’assurer de prendre en compte les revendications du milieu cycliste.
La grande mobilisation des membres cyclistes, de la population locale et des différent·e·s partenaires rencontrés (élu·e·s municipaux, provinciaux et fédéraux, sans oublier les représentant·e·s des MRC) est un élément déterminant dans le succès de cette action. De plus, le ton constructif adopté, les communiqués de presse et les comptes-rendus très professionnels aux médias ont aussi permis de rendre la démarche crédible. Cette implication a également donné de l’élan pour continuer à faire avancer d’autres dossiers reliés à la sécurité des cyclistes de la région. L’accessibilité à la Voie maritime est un autre exemple de revendication portée par les cyclistes du coin.
Relancer l’ensemble des représentant·e·s politiques et ainsi organiser des rencontres avec eux·elles a demandé beaucoup de temps, même si les élu·e·s des différents paliers ont été assez collaboratifs dans ce dossier.
Les citoyen·ne·s responsables de l’initiative mentionnent qu’il ne faut pas avoir peur de prendre sa place et de revendiquer des aménagements sécuritaires pour les adeptes du vélo, toutes catégories confondues. Le groupe de cyclistes de la région croit que les citoyen·ne·s doivent continuer de mettre de l’avant la sécurité et des aménagements favorables pour les cyclistes et ce, même s’il faut affronter de gros joueurs comme Hydro-Québec ou le Ministère du Transport du Québec.
La Table de concertation vélo des conseils de quartier de Québec (TCVQ) a vu le jour à la suite de différents constats. D’abord, il y a plusieurs acteur·trice·s intéressant·e·s à Québec qui abordent les enjeux de transports durables dont le vélo (Accès Transports Viables, Vivre en ville, CRE Capitale-Nationale, Mobili-T, etc.). Il n’y avait toutefois pas de groupes citoyens (outre les ateliers communautaires de mécanique vélo) comme ailleurs au Québec qui se concentrent particulièrement à démocratiser la place du vélo.
Entretemps, un projet de piste cyclable sur le boulevard René-Lévesque n’a pas fonctionné, l’initiative s’attirant la grogne d’acteur·trice·s locaux·ales. En parallèle, la ville de Québec a élaboré en 2015 une première vision vélo. Un élan s’installe et il fallait en profiter.
Afin de s’assurer que la ville de Québec désire résoudre un enjeu global, soit l’absence d’une culture vélo affirmée dans la Capitale-Nationale, certains citoyen·ne·s déjà impliqué·e·s se sont donc rassemblé·e·s. L’objectif était de démarrer un groupe pour donner une voix supplémentaire aux utilisateur·trice·s cyclistes. Pour s’assurer d’un succès, ces citoyen·ne·s avaient comme vision de couvrir l’ensemble du territoire de la ville et de regrouper une diversité d’interlocuteur·trice·s. Pour eux·elles, il fallait représenter les divers milieux de Québec (banlieue, centre-ville, quartiers densifiés, secteurs populaires, etc.).
En analysant la situation politique et administrative, ces citoyen·ne·s ont voulu profiter des structures déjà en place. Depuis le tournant des années 2000, la ville de Québec s’est assurée d’enchâsser des instances de consultations pour ses divers secteurs; ce sont les conseils de quartier. Comme expliqué sur le site web de la Ville, ces conseils ont pour ambition d’encourager les citoyen·ne·s à exprimer leurs opinions et leurs besoins concernant leur quartier, notamment en ce qui a trait à l’aménagement du territoire, l’aménagement des propriétés municipales, la vie communautaire et la sécurité publique. Tout était donc en place pour créer la Table de concertation vélo des conseils de quartier de Québec.
En profitant des structures en place, le groupe a donc réussi à rassembler une quinzaine de représentant·e·s des divers conseils de quartier. Un·e président·e, vice-président·e et secrétaire sont élu·e·s chaque année pour représenter le groupe. La table propose des orientations communes et une vision concertée pour faire avancer les dossiers vélo avec la ville. Des propositions d’améliorations pour la ville et plus spécifiquement pour les quartiers sont discutées lors des réunions. Les membres communiquent aussi par courriel, via les réseaux sociaux et se rassemblent au minimum 4 fois par année. Une fois par année, un·e fonctionnaire de la Ville de Québec vient présenter les améliorations au réseau cyclable tout en notant les commentaires des membres de la table. Un dialogue est également lancé avec les élu·e·s de la ville de Québec afin d’établir un lien plus fort avec les représentant·e·s politiques.
Grâce à un ton constructif et des interventions pertinentes, la TCVQ a réussi à acquérir une belle visibilité médiatique. Les journalistes font fréquemment appel aux porte-paroles pour recueillir leurs commentaires et recommandations sur différents sujets. La TCVQ mentionne tout de même que de bien découper l’information et de garder le message clair et court demeure un apprentissage pour elle.
Avec 15 membres des divers conseils de quartier, la TCVQ a pu regrouper une diversité d’opinions et une bonne représentativité géographique (présence de représentant·e·s pour de quartiers plus excentrés) à travers la ville. Dans la rédaction de mémoire pour la ville, il faut d’ailleurs faire parler l’expérience des gens autour de la table; c’est la plus grande plus-value du groupe.
Un lien de plus en plus fort se développe autant avec l’administratif que le politique. La ville fournit d’ailleurs un local à la TCVQ pour ses rencontres.
Il y a un certain roulement des représentant·e·s des conseils de quartier; une conséquence de l’implication bénévole. Il faut donc travailler pour maintenir des liens avec les différents conseils de quartier. Les revendications liées au transport actif s’étalent souvent dans le temps, ce sont des luttes de longue haleine. Il faut donc maintenir la motivation et le sentiment d’appartenance de ces dossiers, malgré le roulement au niveau des représentant·e·s.
Les luttes vélo font souvent question de débats sur l’allocation de l’espace public selon les modes de déplacements. La voiture obtient généralement une grande part des aménagements et infrastructures routières. Cependant, quand on change la ville, on change les habitudes. Ces situations deviennent rapidement des débats émotifs, où certaines personnes cherchent à préserver cette prépondérance de l’automobile sur nos routes (places de stationnement, rue à double sens, boulevard à 4 voies, etc.). Inévitablement, des confrontations s’en suivent et la confrontation n’est pas toujours confortable. Il faut apprendre à gérer cette dynamique de confrontation et bien vulgariser nos arguments pour se faire comprendre.
Il faut adopter un ton à la fois constructif et affirmatif. Ce n’est pas une mince affaire, mais il faut tendre vers cet objectif. Être trop consensuel ne permet pas de critiquer avec justesse, mais en même temps, être trop affirmatif (voir agressif) rebute parfois nos interlocuteur·trice·s. Il faut savoir danser!
Il est impératif de poursuivre les efforts pour élargir la base de citoyen·ne·s mobilisé·e·s et assurer une diversité d’opinions et de voix. Il faut persévérer pour équilibrer la présence de femmes et inclure la voix des personnes issues de groupes minoritaires.
Il est nécessaire de cultiver la relation avec ses allié·e·s (clubs cyclistes, élu·e·s, associations de commerçant·e·s, médias, organismes communautaires, etc.), mais aussi de ne pas négliger ses « ennemi·e·s » potentiel·le·s. Parfois, on trouve des allié·e·s là où on ne s’y attend pas; il ne faut donc pas étiqueter les opposant·e·s du premier jour comme des ennemi·e·s par défaut.
Les médias sociaux restent un gros vecteur de participation citoyenne. Il faut créer sa page et son groupe, tout en animant convenablement le tout.
Le côté ludique de la participation citoyenne n’est pas un élément à négliger. La TCVQ aspire à développer davantage l’aspect social et plaisant dans ses activités pour favoriser l’esprit de cohésion. Cela peut simplement être un BBQ festif ou des 5@7!
La distribution des tâches et des responsabilités reste un enjeu important à aborder. Il faut arriver à une bonne rotation des responsabilités. La structure établie doit favoriser la prise d’initiatives pour que le leadership ne se concentre pas uniquement sur un petit groupe. Finalement, pour la TCVQ, ça ne sert à rien de trop s’empêtrer dans les procédures, il faut rester organisé tout en étant souple.
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